Joël Le Scouarnec libérable à cette date, les victimes en colère et choquées
Le verdict est tombé pour Joël Le Scouarnec. L'ancien chirurgien accusé d'avoir violé et agressé sexuellement 299 personnes, dont une majorité de mineurs, a été condamné à la peine maximale par la cour criminelle du Morbihan, ce mercredi 28 mai : vingt ans de prison assortie d'une peine de sureté de deux tiers. "Il a été tenu compte que les faits commis sont d'une particulière gravité en raison à la fois du nombre de victimes, de leur jeune âge et du caractère compulsif" des actes de l'ancien chirurgien de 74 ans, a indiqué la cour criminelle dans son délibéré.
Si la cour criminelle a choisi de prononcer la peine la plus lourde contre Joël Le Scouarnec, elle n'a pas accompagné la réclusion criminelle d'une rétention de sureté, une mesure qui permet de placer un criminel dans un centre socio-médico-judiciaire s'il présente un risque élevé de récidive à l'issue de sa peine. L'avocat général avait requis cette disposition particulière avant le verdict, mais il n'a pas été écouté en raison de la "volonté de réparer" exprimée par le chirurgien et de son âge, a expliqué la cour.
La peine prononcée contre Le Scouarnec est la plus lourde prévue par la loi contre les crimes sexuelles, mais elle ne garantit pas le maintien de septuagénaire derrière les barreaux pour les deux prochaines décennies. La peine de sureté de deux tiers assure l'emprisonnement du criminel pendant 13 ans avant que ce dernier ne puisse demander une libération conditionnelle. Mais Joël Le Scouarnec, déjà condamné à une peine de prison en 2017, est en détention depuis 8 ans et pourra prétendre à une libération conditionnelle en 2030. Le système judiciaire français ne prévoit pas la cumulation des peines comme aux Etats-Unis. Dans le cas de Joël Le Scouarnec, la peine de 20 ans de réclusion criminelle englobe la première condamnation, moins importante, et toutes les années de prison déjà effectuées sont prises en compte pour la peine la plus récente.
A noter qu'une demande de libération conditionnelle, n'est pas systématiquement accordée et fait l'objet d'un examen du prisonnier.
"Un énorme sentiment de déception" et de colère
Si Joël Le Scouarnec a écopé de la peine maximale, le verdict déçoit tout de même les victimes du chirurgien. "On s'y attendait", a déclaré Me Francesca Satta, avocate des parties civiles, devant la presse avant de regretter une peine insuffisante : "20 ans, c'est peu au regard du nombre de victimes que nous avons dans ce procès. Il est temps que les textes changent, que l'on puisse avoir une peine plus adaptée au coté exceptionnel de ce procès."
Une déception à laquelle s'est mêlée la colère lorsque les victimes ont compris que l'ancien chirurgien était libérable d'ici cinq à six ans. "On a pas été entendus, [...] j'ai l'impression de m'être battue pour rien. Je suis très déçue, il y a un énorme sentiment de déception. Qu'il puisse se promener dans la rue, avoir une vie normale, ça me dérange. On a pas de vie normale depuis tout ce temps. On lui redonne ce droit..." a réagi une victime de Joël Le Scouarnec devant la presse. Et la même personne d'ajouter : "Ca me révolte, il y avait un levier avec la peine de sûreté, on a rien du tout, ça me met en colère."
La mère d'une autre victime de Joël Le Scouarnec s'interroge sur l'impossibilité de prononcer des peines de prison à vie, une peine qui n'existe pas dans la justice française. "Tout ce que je souhaite, c'est que cet homme ne puisse pas recommencer. [...] Ce genre de comportement, si cela doit passer par la prison à vie, ça doit passer par la prison à vie." Solène Podevin, une avocate de parties civiles" a également estimé que le verdict "aurait pu [être] moins clément de la part de la cour".
La réaction de Joël Le Scouarnec
Joël Le Scouarnec ne fera pas appel du verdict a indiqué son avocat Me Maxime Tessier expliquant que son client "ne veut pas imposer un nouveau procès aux parties civiles". Lors des plaidoiries, l'avocat avait décrit son client comme "archi-coupable" et assuré qu'il ne demandait "pas à échapper à la peine requise". Il avait simplement demandé "à la cour dans la motivation de sa décision de retenir les éléments favorables à l'accusé", notamment ses aveux lorsqu'il a reconnu l'ensemble des faits reprochés le 20 mars. Selon lui, Joël Le Scouarnec est allé "le plus loin dans ce qu'on peut attendre d'un accusé devant la cour criminelle".