Qui se cache derrière "Les Hussards", ce groupuscule responsable d'une nouvelle attaque néonazie à Paris ?

Qui se cache derrière "Les Hussards", ce groupuscule responsable d'une nouvelle attaque néonazie à Paris ? Soupçonnées d'avoir participé à une violente agression à caractère raciste à l'encontre de personnels d'origine maghrébine dans une brasserie de la capitale en février dernier, 15 militants d'ultradroite membres des Hussards ont été mises en examen les 21 et 23 mai.

L'agression a été d'une particulière violence. Neuf membres du groupe d'ultradroite "Les Hussards" ont été interpellés et mis en examen les 21 et 23 mai derniers pour des faits de "violences avec armes en réunion" et "menaces de mort" à caractère raciste, rapporte BFMTV. Il leur est notamment reproché d'avoir participé à l'agression d'une violence inouïe du personnel d'une brasserie du 1er arrondissement de Paris, dont deux serveurs d'origine maghrébine, le 16 février 2025. Ce vaste coup de filet porte ainsi à quinze le nombre de militants d'ultradroite mis en examen dans ce dossier de violence.

Alors que, fait rarissime pour ce type de faits, le groupe anti-terroriste du 2e district de police judiciaire de Paris a été chargé des investigations, le patron du restaurant dans lequel se sont déroulés les faits a évoqué devant les enquêteurs l'attitude agitée de 15 militants de la mouvance qui s'étaient installés en terrasse. Tatoués, d'une carrure athlétique et vêtus de noir, ces derniers auraient tout d'abord refusé de ranger une bouteille de bière apportée par leurs soins. Tandis que trois d'entre eux ont tenté de quitter les lieux en dérobant des bouteilles d'eau pétillante, le patron de l'établissement a décidé de s'interposer. C'est là que l'agression aurait commencé. Victime d'un coup de poing au visage, deux serveurs aux origines maghrébines ont tenté de s'interposer avant de se faire violenter à leur tour. "Le groupe m'insultait : 'sale arabe', 'sale bougnoule' […] 'je vais pas aller en garde à vue pour un arabe'", a expliqué l'un d'eux au moment de son audition.

"Paris est nazi"

Insultés et menacés de mort, ces deux serveurs n'étaient pourtant pas les premières victimes de ces militants d'ultradroite. Comme le rapporte BFMTV, un peu plus tôt dans la journée, ces mêmes individus avaient participé à l'attaque d'un local de l'association des travailleurs immigrés turcs (ACTIT) où une association antifasciste projetait un film. Lors de cette descente éclair, un militant de la CGT avait été victime d'une agression d'une rare violence en étant roué de coups et frappé avec un tesson de bouteille. Transporté en urgence absolue à l'hôpital, son pronostic vital avait dans un premier temps été engagé.

Au nombre de 25, les agresseurs étaient parvenus à prendre la fuite en criant "Paris est nazi". Si six d'entre eux avaient pu être interpellés par les forces de l'ordre après les faits, les autres, eux, s'étaient retrouvés dans le restaurant du 1er arrondissement de la capitale où la seconde agression s'est déroulée. D'après l'enquête menée par les enquêteurs, cette journée rythmée par plusieurs faits d'ultraviolence consistait en un rite d'entrée pour les nouvelles recrues souhaitant rejoindre "Les Hussards". Un nouveau nom choisi en remplacement du GUD (Groupe Union Défense), un groupe d'ultradroite dissous par le gouvernement le 26 juin 2024. Un message, diffusé quelques jours plus tôt sur une boucle Telegram intitulée "Prospect Hussards" par un donneur d'ordres caché sous le pseudo "Vicompte" visait en effet à aller "fumer" des militants antifascistes de La Jeune Garde, l'organisation fondée par le député LFI Raphaël Arnault.

Plusieurs personnalités issues du GUD

Identifié comme étant Charles F. et considéré comme le leader du groupuscule, ce jeune homme âgé de 25 ans n'est pas inconnu des services de police puisqu'il a déjà été condamné pour port d'arme blanche. Interpellé à Maisons-Alfort en janvier 2024 lorsque des militants du GUD peignaient un graffiti à son effigie, celui qui est décrit comme le superviseur des agressions du 16 février avait été une nouvelle fois interpellé en février après avoir réalisé un tag sur une vitrine sur lequel il était possible de lire : "Je suis néonazi bande de sales juifs". Proche de Gabriel Loustau, l'ancien chef du GUD, Charles F. est aujourd'hui contrôleur d'agents pour le compte d'une société de sécurité privée dont le dirigeant n'est autre qu'Axel Loustau, le père de Gabriel et ancien conseiller de Marine Le Pen.

Quant au porteur présumé des premiers coups à l'encontre des gérants du restaurant identifié grâce aux différentes caméras de vidéosurveillance, Lenny M. est lui un membre des Hussards. Déjà connu des services de police, il avait notamment participé le 26 novembre 2023 à une descente de militants d'ultradroite dans les quartiers de Romans-sur-Isère après la mort du jeune Thomas à Crépol.