Réforme des retaites : l'Assemblée vote pour une abrogation, mais ça ne sert à rien
Un coup d'épée dans l'eau ? Ce jeudi 5 juin 2025, les députés ont adopté une proposition de résolution du groupe communiste visant à abroger la réforme des retraites 2023. Le texte "affirme l'impérieuse nécessité d'aboutir à l'abrogation des mesures les plus régressives " de la loi du 14 avril 2023, à savoir "le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l'augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027".
La résolution a été adoptée par 198 voix contre 35, avec le soutien de l'ensemble de la gauche et du Rassemblement national. Attention, ce texte n'a pas valeur de loi, sa portée reste symbolique, et la gauche espère qu'il permettra de mettre la pression sur l'exécutif, jusqu'à une éventuelle abrogation ou au référendum pour consulter les Français sur ce sujet hautement inflammable.
La réforme des retraites n'a "respecté aucune des règles
Le président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée nationale, Stéphane Peu, a dénoncé le passage de l'âge légal de départ à 64 ans, adopté grâce à l'article 49.3 de la Constitution. Il s'agit de "la plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005", selon lui. "Les Français ont de la mémoire et ils n'ont pas tourné la page", a-t-il martelé sur les bancs de la chambre basse du Parlement. De là à censurer le gouvernement ? Pourquoi pas. "Si vous ne tenez pas compte de ce vote (...) je vous promets que nous saurons en tenir les conséquences", met en garde Stéphane Peu.
Ce dernier regrette que cette réforme n'ait "respecté aucune des règles les plus élémentaires de la démocratie sociale et du parlementarisme". Les communistes précisent bien ce jeudi que cette proposition de résolution "ne peut souffrir de contraintes liées à la recevabilité financière", ni "être l'objet d'une obstruction par voie d'amendement". Les prises de parole successives des force de gauche ont également été l'occasion pour le RN de dégainer.
"Sans le Rassemblement national personne ne pourra rien pour abroger ou pour tenter d'abroger la réforme des retraites", a lancé le député du parti à la flamme Théo Bernhardt, accusant la gauche d'être complice du bloc central, car elle avait refusé de soutenir la proposition d'abrogation de la réforme des retraites défendue par le RN en octobre 2024.
Le bloc central minimise la proposition de la gauche
Si le texte défendu par la gauche ce jeudi n'a pas valeur de loi, le gouvernement s'est bien évidemment engouffré dans la brèche, ne prenant pas avec énormément de sérieux ces échanges. La proposition est "paresseuse et stérile", selon la députée Renaissance Stéphanie Rist. Elle revient simplement à "nous faire croire que les jours heureux arriveront sans le début du commencement d'une proposition viable de financement".
Même son de cloche du côté de la ministre déléguée chargée du travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet : "Quelle sera la portée du vote de ce matin ? Au mieux il mettra en évidence la coalition d'opposants qui n'ont aucun projet alternatif et crédible (...) Le débat aura-t-il avancé d'un centimètre ? La réponse est clairement non", estime-t-elle.